Jitti Chompee

Du 27 octobre au 2 novembre

Artificial Skin
Jitti Chompee, Renaud Dallet et les éléves du Lycée Vallin

« La peau organise la vie. Pourtant, sa porosité est à double tranchant : en tant que premier site d'échange entre notre corps intérieur et le monde extérieur, elle nous permet de percevoir le flux constant de notre environnement externe et d'y répondre ; en tant que frontière non étanche, elle est toujours susceptible d'être attaquée ou de faire l'objet d'une divulgation non désirée. Assaillie par des forces physiques, chimiques et biologiques, la peau est également attaquée et militarisée dans le cadre d'un ordre mondial raciste persistant.
Dans Artificial Skin de Jitti Chompee, des ballons roses colorés remplacent les têtes de ses sculptures en mouvement. Privés de visage, les corps humains deviennent des objets. La physicalité du corps est déformée par la manipulation d'une peau artificielle inconnue, délicate et récalcitrante, composée d'un appendice caoutchouteux qui se gonfle et se dégonfle au contact, et de vêtements qui enveloppent le corps en dessous, lui offrant une certaine protection contre le regard du public. Au lieu de gestes et d'expressions codifiés, les interactions excentriques et tendres entre les sculptures de Jitt bouleversent le processus de création de sens lui-même en enveloppant le spectateur dans les riches possibilités d'interprétation inhérentes à un monde étrange, à cheval entre le familier et l'énigmatique. Les ballons évoquent et défamiliarisent également le masque khon traditionnel dans une esthétique minimaliste et contemporaine, traçant un nouveau terrain dans le dialogue entre la danse thaïlandaise traditionnelle et la danse contemporaine. Vulnérabilité et tendresse, comédie et pathos se déploient dans un nouveau langage visuel qui permet des façons plus affirmées de bouger.
Dans une sémiotique synthétisée à partir d'une combinaison de chorégraphie et d'art visuel, le spectateur sera englouti dans une performance vivante, à la fois sombre et humoristique, qui change constamment de forme. De temps à autre, des éclats de chair émergent d'un paysage mouvant et chatoyant qui permet de nouvelles expressions d'intimité grâce à la dissimulation du corps et à la manipulation par les danseurs d'une prothèse susceptible de se rompre. La peau artificielle est comme une chrysalide qui cache le corps à l'intérieur tout en le synthétisant : une nouvelle frontière qui réorganise les relations entre le corps et l'environnement ; une nouvelle surface qui permet l'incarnation d'un savoir et d'une mémoire marginalisés, hantés par des marques, des cicatrices et des traces de rencontre ; une physicalité créaturelle. Animée par les sculptures de Jitti, la peau artificielle offre une nouvelle surface sur laquelle le passé et l'avenir peuvent être simultanément cartographiés dans un monde excentrique et surréaliste. »

Direction et chorégraphie Jitti Chompee
Interprète Renaud Dallet
Texte Panalee Maskati
Avec le soutien de Mille Plateaux, Centre Chorégraphique National La Rochelle, Centre Intermondes La Rochelle, the Thaillywood Foundation, l'Ambassade de France en Thaïlande
En collaboration le Lycée Valin